Pour le futur de la banane et plantain, et surtout pour garantir leur régularité dans l’approvisionnement des ménages à long terme, l'exploitation des graines de bananier issues d'une stratégie bien élaborée est une piste importante,

La banane est un fruit très apprécié par les consommateurs de divers horizons. A titre d’illustration environ 17 000 tonnes de bananes desserts a été exportées du Cameroun en septembre 2020 (Quotidien l’économie). En Afrique, le type de banane majoritairement adoptée dans les habitudes alimentaires et le plus sollicité est le plantain (considéré comme un aliment de base en Afrique centrale et occidentale). Plusieurs critères peuvent permettre de différencier ces deux types de banane que l’on retrouve sur les marchés locaux, mais le principal est évident à l’état mûr : l’un peut être consommé cru (banane dessert) et l’autre nécessite un passage au feu avant consommation (plantain). Cette denrée de grande consommation est soumise à de nombreux problèmes qui affectent son existence. Comme tout organisme vivant, il est surtout affecté par des dégâts causés par des maladies et  autres agents nuisibles (biotiques et abiotiques). Aucune solution curative n’est disponible à nos jours pour faire face à ces menaces sans cesse aggravées par les changements climatiques, l’intensification de la virulence des pathogènes, l’intensification culturale, la pression démographique, la raréfaction des surfaces cultivables, etc. La création et l'adoption de nouvelles variétés de bananes/plantains productives, diversifiées, mieux adaptées et plus respectueuses de l'environnement, contribuent à rendre plus efficients les systèmes de cultures qui visent à répondre à ces enjeux.

Des fruits garnis de graines

Le saviez-vous ? ce sont les graines qui se trouvaient dans une forme ancestrale de banane qui ont permis au fil du temps, après domestication par l’homme, d’obtenir les variétés actuelles de bananes/plantains caractérisées par une absence de graines dans leur fruit. Dès lors, les chercheurs en génétique sur bananiers exploitent ces ancêtres des bananiers (qui produisent des fruits garnis de graines, photo illustration) pour créer des variétés meilleures que celles que l’on a actuellement. La création de ces nouvelles variétés passe donc par la production des graines. Ce mode de reproduction est à l’opposé de celui couramment pratiqué par les agriculteurs et horticulteurs. Ces derniers utilisent les repousses qui sortent au pied du bananier (rejets) pour multiplier à l’identique la variété sélectionnée.

Variétés ancestrales de bananiers à Njombe-Penja, Cameroun - Crédit photo : C.D.
Variétés ancestrales de bananiers à Njombe-Penja, Cameroun - Crédit photo : C.D.

Pour l’instant, rien d’alarmant car la productivité des variétés de bananes/plantains actuelles n’est pas encore significativement impactée. Mais dans le souci de mieux répondre aux challenges futurs, au regard des premiers signes d’alertes apparents et du temps qu’il faut pour le développement et l’adoption d’une variété (20 à 30 ans), il faut être prévoyant et s’y investir dès maintenant pour garantir une certaine régularité dans l’approvisionnement des ménages et toujours mangé à notre faim.

L'auteur
Camille DZOYEM
Author: Camille DZOYEMEmail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
A propos
Camille DZOYEM est chercheur en génétique et amélioration des plantes à l'institut de recherche agricole pour le développement, IRAD. Il travaille également en collaboration avec le CARBAP dans l'arrondissement de Njombé-Penja.